Voici un billet de Charlotte Chan, étudiante à l'Institut d'études politiques de Paris et ancienne élève du lycée George Sand du Mée-sur-Seine. Charlotte est entrée à Sciences Po par la voie d'une convention d'éducation prioritaire. Elle s'était déjà exprimée sur ce blog lors des manifestations lycéennes en avril dernier. Charlotte n'est adhérente d'aucun syndicat ou parti politique.
A. C.
Mercredi dernier, j’ai eu l’honneur d’assister au discours de Nicolas Sarkozy sur la diversité et l’égalité des chances, à l’école Polytechnique. Étudiante à Sciences Po. en première année, j’ai été admise par la voie des Conventions d’Education Prioritaire. De ce fait, la question de l’égalité des chances me préoccupe quotidiennement. Trois propositions me semblent particulièrement justes.
Elles concernent l’accès aux classes préparatoires et aux écoles de fonctionnaires, car il est aujourd’hui évident que la diversité n’est pas parfaite dans ces deux institutions.
J’ai étudié dans un lycée où l’autocensure fait loi : aujourd'hui, un seul de mes camarades de Terminale poursuit ses études en classe préparatoire. Il n’a choisi de présenter son dossier que dans un lycée seine-et-marnais, par crainte de ne pas « avoir le niveau » d'un lycée parisien.
C’est pourquoi j’espère que la généralisation des programmes de remise à niveau dans les classes préparatoires permettra, d’une part, de réduire le nombre de lycéens qui pensent « la prépa ce n’est pas pour moi » ; d’autre part, de montrer que les grands lycées parisiens ne sont plus réservés à une élite.
L’autre proposition qui me tient à cœur est le développement des « internats de l’excellence ».
Aujourd'hui, la majorité de mes anciens camarades poursuivent leurs études à Paris. Chaque jour, ils effectuent près de deux heures de trajet en transports en commun.
Une amie a choisi de ne pas postuler pour une classe préparatoire parisienne très réputée, alors qu’elle en avait le niveau. La raison ? Ce lycée ne disposait pas d’internat.
Pour ma part, si Sciences Po n’avait pas conclu d’accord avec la Cité Internationale Universitaire de Paris, j’aurais sûrement été contrainte d’effectuer ces deux heures de trajets quotidiens. C’est pourquoi j’espère que ces internats se développeront rapidement.
De manière plus générale, il me semble que la question du logement étudiant mérite que l’on y porte beaucoup d’attention : le lycéen, dans son projet d’orientation, doit prendre en compte tous ces paramètres. Toutes ces questions d’ordre matérielles peuvent constituer des barrières plus importantes que celle de l’autocensure.
Enfin, la dernière proposition du Président que je salue est celle visant à démocratiser l’accès aux écoles de fonctionnaires (mise en place de 30% de postes des concours réservés aux jeunes issus de milieux modestes, avec bourse et facilités de logements pour les sélectionnés). J’espère qu’elle permettra l’émergence de dirigeants de demain, « à l’image » de la société qu’elle représente, sans pour autant que les origines deviennent critère de sélection.Certes, il est dommage de devoir utiliser des mesures restrictives.
- de ne pas obliger les grandes entreprises à faire état d’un « bilan social » ;
- de ne pas menacer les partis politiques de supprimer leurs subventions publiques ;
- ou de ne pas obliger le CSA à vérifier si la diversité existe à la télévision.
Cependant, Nicolas Sarkozy a mis en garde ses interlocuteurs : ces propositions représentent « une dernière chance ». En effet : « ce n'est pas un choix. C'est une obligation. C'est un impératif ».
En écoutant ces paroles, j’ai eu l’impression que la situation actuelle allait enfin réellement changer. Je n’ai jusqu’alors jamais entendu de chef de l’État (ou autre personnalité politique) évoquer cette cause avec autant de volonté.
Il serait donc regrettable que ce discours, ainsi que les propositions émises par le Président, n’aient été uniquement dictés par « l’effet Obama » qui touche actuellement le monde. En effet, à mes yeux, la question de la diversité et de l’égalité des chances doit dépasser toutes les stratégies politiques et partisanes.
C’est pourquoi j’espère que le rôle Yazid Sabeg, celui qui se chargera « de ce travail de mobilisation de toutes les ressources de l’Etat et de la société en tant que Commissaire à la diversité et à l’égalité des chances », prendra pleinement sens dans les mois à venir.
Au vu de l’espoir suscité mercredi, je crois ne pas être la seule à attendre avec impatience les mesures gouvernementales promises pour mars.
Slt,
Toujours pas d'info sur l'actualité de Melun ? Par contre de l'information orientée... Tu as le temps de le mettre celui là.
Aller tu vas bien trouver des choses sur les journaux locaux...
Par exemple, le nouveau quartier, les changements dans le nard de Melun, le CH de Melun... enfin, il y a assez d'informations qui trainent !?!
Pourquoi parler de l'actu national ? Surtout que c'est assez polémique en ce moment... et encore, toujours pareil tu as trouvé une personne qui se retrouve avec beaucoup de chance. Mais combien de personne n'auront pas de chance parce qu'ils sont dans un lycée avec des classes surchargées !
Bien sur, ce n’est pas le problème, c'est parce qu'ils sont moins bon que les autres !?!
Aller je vais arrêter là ! Polémique quand tu nous tiens...
PS : tu n'a pas un truc aussi sur les chiffres d'Hortefeux, combien coute le retour d'une personne dans son pays d'origine...
PS2 : il y en a plein des sujets polémiques pour la (extrême) droite...
Rédigé par : poitevinenidf | dimanche 21 décembre 2008 à 09:08
La méritocratie n'est pas un remède pour faire disparaitre les inégalités sociales, elle sert simplement à apporter du sang frais à l'élite au sommet. D'autre part, il est plus facile de faire plier les équipes d'enseignant des prépas, qui obéissent tout en préservant leur pré-carré, que d'appliquer la loi SRU.
Les quelques réussites individuelles ne peuvent pas masquer les échecs d'une politique concertée de relégation. On ne peut pas avoir le mot racaille à la bouche et avoir cette posture obamesque
C'est de l'esbroufe et de la gesticulation, comme d'hab
Rédigé par : hugues vessemont | lundi 22 décembre 2008 à 01:28
Pour répondre à votre remarque, en effet, la méritocratie n'est pas le remède miracle pour faire disparaître les inégalités sociales.
Cependant, elle contribue par l'effet "boule-de-neige de nouvelles mesures" qu'elle entraîne, à lutter contre l'autocensure.
Or l'autocensure est l'une des causes de l'inégalité sociale.
A mon avis, dans ces sujets-ci, il est important de faire preuve de concret et d'humilité, de ne pas prétendre vouloir tout changer en "un coup de baguette magique", comme cela a (malheureusement) été de cas avec la LRU.
Rédigé par : Charlotte | mardi 23 décembre 2008 à 01:36
Poitevinenidf, pour répondre à votre remarque, la question des effectifs d'une classe n'a aucun rapport avec la réussite des élèves à ce processus de sélection. ( et je parle en connaissance de cause ).
Alors oui, j'ai eu la chance d'entrer par la voie des CEP à SciencesPo, mais cette chance réside plutôt sur la fait que mon lycée disposait de cette convention !
Rédigé par : Charlotte | mardi 23 décembre 2008 à 01:47