Au début de l’été, j’avais jeté quelques notes au brouillon sur des questions politiques. Il m’a fallu plus de temps que prévu pour vous les livrer dans un état amélioré. En voici quelques unes sur l’ouverture engagée par Nicolas SARKOZY.
La stratégie présidentielle ne dérange pas qu’à gauche. Pourtant, le candidat de l’UMP avait prévenu dès le 14 janvier dernier, en conclusion de son discours d’investiture…
« Je demande à mes amis qui m’ont accompagné jusqu’ici de me laisser libre, libre d’aller vers les autres, vers celui qui n’a jamais été mon ami, qui n’a jamais appartenu à notre camp, à notre famille politique qui parfois nous a combattu. Parce que lorsqu’il s’agit de la France, il n’y a plus de camp.
Je demande à vous tous de comprendre que je ne serai pas que le candidat de l’UMP, qu’au moment même où vous m’avez choisi je dois me tourner vers tous les Français, quels que soient leur parcours, qu’ils soient de droite ou de gauche, de métropole ou d’Outre Mer, qu’ils vivent en France ou à l’étranger, que la France les ait ou non déçu pourvu qu’ils l’aiment. Que je dois les rassembler, que je dois les convaincre qu'ensemble tout deviendra possible ! »
Comme Franck RIESTER, je suis respectueux du choix de Nicolas SARKOZY et ce, pour des raisons symboliques et stratégiques. Moi-même à droite de l’échiquier politique, cette ouverture me correspond idéologiquement : on fait de la politique pour le bien commun ; on ne rejette pas l’adversaire par principe. C’est d’ailleurs dans cet esprit que j’avais proposé à l’ensemble des candidats « melunais » aux législatives un entretien diffusé sur ce blog. Mon initiative a plu, surpris ou déplu ; toujours est-il qu’elle a suscité votre intérêt et vos encouragements : merci à vous !
Ce que François BAYROU voulait et que Jacques CHIRAC n’a pas fait
En choisissant l’ouverture politique, Nicolas SARKOZY fait d’une pierre deux coups. En 2002, Jacques CHIRAC tenait l’occasion unique de former un gouvernement composé de personnalités issues de familles politiques différentes, qui ont presque toutes appelé à voter pour lui : il n’en fit rien. Nicolas SARKOZY réalise aussi la promesse de François BAYROU de choisir les « meilleurs de droite » et les « meilleurs de gauche »… Il prend acte des 18 % des voix obtenues par le Béarnais du Centre. La solitude politique de ce dernier et les résultats du MoDem aux législatives valident la stratégie présidentielle.
Nicolas SARKOZY a d’autant plus de mérite qu’il a entamé cette ouverture en dépit des doutes suscités par une telle stratégie au sein l’UMP.
Je me permets de reprendre quelques lignes tirées du blog de François qui, très inspiré, écrit comprendre « l’amertume grandissante dans nos rangs, chez nos amis alsaciens, parmi nos fidèles militants. Attention, n’en faisons pas trop avec ces courants d’air, au risque d’enrhumer notre famille UMP durant cet été pluvieux, au risque de tomber dans une situation bizarre où la droite victorieuse deviendrait une "opposition majoritaire" ».
Quel impact sur les municipales de 2008 ?
En vue des prochaines élections municipales, les listes de droite espèrent profiter du vent de l’Élysée. Dans la continuité de la stratégie présidentielle, l’UMP invite ces futures têtes de listes à l’ouverture.
Pour les communes au sein desquelles les clivages politiques sont forts, les équipes de droite auront certainement intérêt à rallier des figures de gauche. Mais elles doivent prendre garde à ne pas déboussoler leurs militants. En effet, la base a déjà du mal à digérer l’ouverture au niveau national. Elle aura certainement quelques difficultés à avaler l’association d’opposants locaux aux succès de la « droite ouverte ». Les ennemis politiques d’hier deviendraient-ils en quelques mois les alliés opportuns de demain ? En amont de la campagne à venir, les têtes de listes UMP devront faire preuve de beaucoup de pédagogie avec leurs militants…
L’ouverture à gauche, accélérateur de la mutation du PS ?
La stratégie de Nicolas SARKOZY, poussée aussi loin qu’il l’a fait, accélère la mutation du PS dans la forme (les dirigeants) et le fond (le socle idéologique). Cette reconstruction sera longue et difficile, parfois même douloureuse. Le nouveau PS ne sera peut-être pas encore prêt pour 2012. Michel ROCARD me confortait samedi dernier dans cette pensée, en déclarant au Parisien : « le PS français n'est plus pour un paquet d'années en situation de gouverner, à la différence de la plupart des autres partis socialistes européens ».
Mais, c’est le revers de la médaille pour le Président de la République, en accélérant la mutation du PS, il facilite la montée en puissance de la nouvelle génération, celle des jeunes lions qui peinent à retenir leurs rugissements de plaisir, poussés par une base militante désireuse de nouvelles têtes… Dès lors, si le Président semble bien parti pour une réélection en 2012 (je sais, nous n’en sommes pas encore là, mais si Ségolène y pense déjà… ;-), peut-être complique-t-il malgré lui les choses pour le candidat de la droite à la présidentielle de 2017 ?…
Bonne nuit,
Alex
Alex, tu sais que je t'apprécie beaucoup, mais tu pousses un peu mémère, là...
Dans les extraits du discours que tu rapportes, je ne vois pas où il annonce l'ouverture de son futur gouvernement à des personnalités de gauche (enfin, quand je dis "son" gouvernement, on se comprend). Il fait prendre à son discours des accents messianiques (l'amour du prochain, aime ton ennemi, laissez venir à moi les petits enfants...), prenant cette posture christique à la fois de martyr et de sauveur qu'il aime tant. Mais je reconnais que ses éminences grises ont assez de subtilité dans la rédaction des discours pour que celui-ci puisse laisser penser qu'il avait annoncé son "ouverture"...
Ensuite, il n'a pas pris "les meilleurs" à gauche, mais les figures emblématiques, historiques (Kouchner, Lang), charismatiques (Amara), dangeureuses pour la droite dans l'optique de la rénovation du parti (le soutien à DSK...). C'est une stratégie d'éclatement du PS, qui, je te le concède, ne trouve rien à répondre d'intelligent, mais ce n'est certainement pas un acte de politique consensuelle et ouverte.
Là où je suis d'accord avec toi, c'est que ce cher Nicolas nous oblige à réfléchir très sérieusement sur ce qui nous lie dans ce parti qu'est le PS, à redéfinir une ligne idéologique qui n'est, pour l'instant, que dans la contestation de tout ce qui vient de la droite. On le remercie vivement d'ailleurs de vérifier encore une fois l'adage selon lequel "à quelque chose, malheur est bon" ;-)
Rédigé par : shakti | mardi 28 août 2007 à 22:49
Avec l'ouverte, la lumière fût.
Excellente transition pour la reprise de ton blog après ta pause aoûtienne.
Je te remercie d'avoir penser à reprendre un bout de mon billet du 09 juillet dernier : "Oui à l'ouverture, Non à M. Fabius"
Rédigé par : Francoisvaute.eu | jeudi 30 août 2007 à 02:16