Cela fait quelques jours que j’hésite à publier une note sur le reportage consacré au traitement médiatique de la visite du ministre de l’intérieur à Argenteuil (la fameuse affaire « Racaille ») par l’Emission « Arrêt sur Images » diffusée sur France 5, le 7 janvier dernier. En effet, je ne voudrais pas donner une tournure trop polémique à ce blog. Mais l’intérêt que je porte aux médias est plus fort ; alors voici le reportage en question, suivi de quelques commentaires personnels.
Ce reportage est un solide exemple du pouvoir influent des médias : en 2005, on nous montre un responsable politique se faire lapider et tenir des propos qui ont divisé, parfois choqué l’opinion alors que, dans le reportage de France 5, il semble bien qu’un dialogue se soit instauré entre ce même responsable et la population locale, les jeunes en particulier. Pourquoi les images et paroles de ce dialogue ont-elles été écartées ? Je n’ai pas de réponse toute faite à cette question.
Restons en 2005 avec un autre exemple : la crise des banlieues.
Certains individus, que je considère non représentatifs des quartiers,
réinventent « Intervilles
». L’arbitre, c’est la télévision. Chaque soir elle en délivre les
résultats grâce à une carte de France des voitures incendiées et nous
en propose les « meilleures moments ». La haine L’excitation monte chez les joueurs… Et les téléspectateurs : c’est l’escalade.
J’éprouve le plus profond respect pour le métier de journaliste, parfois très risqué. Je pense ici aux reporters de guerre. Mais à mon sens, le filtre de l’analyse ou de l’intérêt du journaliste peut tronquer le débat, nuire au dialogue. Sans jouer les donneurs de leçons, la diffusion du reportage de France 5 me donnait l’occasion d’évoquer cette problématique qui me tient à cœur. Nous sommes tous porteurs de préjugés, engendrés par notre éducation, nos croyances, nos fréquentations… Il est inutile que ces préjugés soient renforcés par les médias.
Alors quand vous lisez la presse, écoutez la radio, regardez la télé, posez-vous quelques questions : pourquoi le journaliste s’intéresse-t-il à un sujet ? Le fait-il de sa propre initiative ou y a-t-il été invité ? Par qui ? De quel contexte est tirée une citation ou une image ? Qui sont les témoins interrogés ? Sont-ils de réels anonymes ou experts lorsqu’ils sont présentés comme tels ? Quel intérêt peuvent-ils avoir à répondre aux questions du journaliste ? Les questions de ce dernier sont-elles directives ? Sont-elles coupées au montage ?...
Posez-vous ces questions car, par trop de raccourcis, nous encourons le risque de liguer les Français les uns contre les autres : la France des nantis contre la France des oubliés, la France des centres-villes contre la France des quartiers.
Bonne soirée,
Alex
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